Apprendre à lire : Des sciences cognitives à la salle de classe (prise de notes)

Papprendre à lirerécisions : la prise de notes du livre de Stanislas Dehaene n’est pas exhaustive. Elle correspond à mes besoins d’information en lien avec ma pratique professionnelle et mes centres d’intérêts. N’hésitez pas à lire ce livre !

Apprendre à lire : Des sciences cognitives à la salle de classe

Stanilas Dehaene

Références

bibliographiques

DEHAENE, Stanislas (Dir.) ; DEHAENE-LAMBERTZ, Ghislaine ; GENTAZ, Edouard, HURON, Caroline ; SPRENGER-CAROLLE, Liliane. Apprendre lire : Des sciences cognitives à la salle de classe. Odile Jacob, août 2011. 155 p. Coll. Sciences. ISBN 978-2738126801

Biographie de l’auteursource :http://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/biographie__1.htm

Stanislas Dehaene est ancien élève de l’École normale supérieure et docteur en psychologie cognitive. En septembre 2005, il a été nommé professeur au Collège de France, sur la chaire nouvellement créée de Psychologie Cognitive Expérimentale, après avoir occupé pendant près de dix ans la fonction de directeur de recherches à l’INSERM. Ses recherches visent à élucider les bases cérébrales des opérations les plus fondamentales du cerveau humain : lecture, calcul, raisonnement, prise de conscience. Ses travaux ont été récompensés par plusieurs prix et subventions, dont le prix Louis D. de la Fondation de France (avec D. Le Bihan), le prix Jean-Louis Signoret de la fondation IPSEN et la centennial fellowship de la fondation américaine McDonnell. 

Contenu

Commentaires

Introduction :

  • depuis 20 ans progrès de la recherche scientifique sur le cerveau et la lecture

⇒ science de la lecture maîtrisée mais pb les recherches sont méconnues par les parents et les enseignants.

  • Enseignants : expert de la dynamique de la salle de classe mais doivent devenir des experts de la dynamique cérébrale.

⇒ nécessité pour eux de connaître : les lois de la pensée en développement / les principes de l’attention et de la mémoire

1/ Comment le cerveau apprend-il à lire ?

1.1. Qu’est-ce-que l’écriture ?

  • Fixer la parole sur un support permanent. L’écriture est comme un code secret dont le décryptage doit s’apprendre.

⇒ un bon lecteur est un décrypteur expert.

  • Chaque écriture du monde crypte les éléments de son langage parlé.
  • Exemple pour un mot écrit en français : chaque lettre ou groupe de lettres (graphème) correspond un phonème du langage parlé. Attention pas forcément de régularité dans notre langue.

⇒ pour un enfant français : apprendre à lire consiste à retenir les associations de graphème/phonème + les exceptions et mots irréguliers.

⇒ ttes les écritures du monde font appel aux 2 voies de la lecture : le passage de l’écrit au son / le passage de l’écrit au sens.

  • A retenir p. 20

1.2. Comment fonctionne le cerveau avant la lecture

  • lire n’est pas une activité naturelle
  • écriture : invention trop récente dans l’histoire de l’humanité pour transformer l’évolution du cerveau humain (patrimoine génétique n’a pas les instructions et les circuits dédiés à la lecture)

⇒ acquisition de la lecture est une activité artificielle et difficile contrairement à l’acquisition du langage.

  • Apprendre à lire : prendre conscience des structures du langage oral afin de les mettre en rapport avec le code visuel des lettres.
  • A retenir p. 26

1.3. Une région du cerveau se spécialise pour les mots écrits

  • stade enfance : système visuel organisé et connecté aux aires cérébrales du langage. Attention : lire un mot n’est pas reconnaître un objet ! Nécessité d’un traitement spécialisé pour décrypter les mots écrits.

⇒ spécialiser une zone du cerveau

  • Principal changement : l’hémisphère gauche pour développer l’aire de la forme visuelle des mots. Plus on sait lire/plus on lit, plus elle répond. Nécessité de réorienter cette aire de reconnaissance des formes vers les lettres et leur combinaison.

⇒ théorie du recyclage neuronal

1.4. Quelles sont les autres différences entre un lettré et un illettré

  • la comparaison d’un cerveau d’illettré et de lettré met en évidence la modification de l’anatomie et de l’activité cérébrale tout au long de la chaîne de la vision du langage parlé.

⇒ lire demande d’extraire des infos visuelles de haute précision

⇒ un lecteur expert : raffinement de la précision visuelle

  • lire demande aussi de recoder les sons du langage (rôle du planum temporale)
  • A retenir p. 35

1.5. Prendre conscience des phonèmes

⇒ la conscience phonémique : étape clé sur le chemin de la lecture

⇒ l’attention sélective est l’une des fonctions cérébrales les + fondamentales nécessaire à la lecture.

⇒ entraîner l’attention vers les phonèmes prépare efficacement à la lecture.

1.6. Le code visuel des lettres et des graphèmes

  • expérimentation pédagogique : enfant à qui on enseigne explicitement à quelles lettres correspond quels sons apprend + vite à lire et comprend mieux l’écrit.
  • Importance de l’attention de lecture (variation de l’apprentissage en fonction de l’attention globale ou focale).

1.7. Le stade du miroir et le rôle des gestes

  • l’enseignement de la lecture se heurte au recyclage neuronal.
  • rappel : région visuelle / rôle de la symétrie / objet en miroir cette propriété est un désavantage dans l’apprentissage de la lecture.

⇒ nécessité de désapprendre la ressemblance en miroir

⇒ rôle crucial de l’écriture pour cet apprentissage (la voie dorsale reliant vision au cortex moteur distingue précocement l’orientation des objets)

⇒ apprendre à écrire développe nos capacités de lecture (accélération de l’apprentissage de la lecture)

1.8. Devenir un lecteur rapide

  • lecteur débutant : activité cérébrale nécessite un réseau cérébral + étendu que chez un lecteur expert.

⇒ utilisation de régions associées aux mouvements des yeux + processus génériques de la mémoire et de l’attention

⇒ indispensable d’automatiser la lecture pour – mobiliser les régions cérébrales.

  • Un lecteur expert met le même temps pour lire un mot de 3 lettres qu’un mot de 8 lettres. Avec automatisation, d’autres facteurs influencent la lecture (ex : reconnaissance des mots fréquents). Dvp de la seconde voie de la lecture : passer directement de la chaîne des lettres au sens du mot.

1.9. Et la dyslexie

  • maladie où des amas de neurones ont mal migré et se concentrent dans les aires du langage parlé.

⇒ anomalie du code phonologique empêchant la lecture de se développer normalement dans les aires visuelles du cerveau.

  • Apprentissage précoce et intensif permet de compenser une grande partie de ce déficit (attention exclure auparavant pb visuel ou auditif)

1.10. La lecture en milieu défavorisé

  • retard de lecture (24 % en milieu défavorisé).
  • Les facteurs : vocabulaire oral + restreint, compétences réduites dans le domaine de la phonologie, contact avec la langue française + tardif, cumul parfois avec profil génétique à risques de troubles de la lecture (compensé + tardivement que dans un milieu favorisé)
  • 2 indices associés à de meilleurs scores de lecture : niveau d’éducation de la maman et nbre de livres à la maison

2/ Les grands principes de l’enseignement de la lecture

Il ne s’agit pas de donner une méthode scientifique de lecture mais de dresser une liste des principes éducatifs.

2.1. Principes d’enseignement explicite du code alphabétique

  • correspondance graphème-phonème
  • combinatoire des lettres ou des graphèmes
  • mobilité des lettres ou des graphèmes
  • correspondance spatio-temporelle
  • discriminatoire en miroir

2.2. Principes de progression rationnelle

  • régularité des relations graphème-phonème
  • fréquence des graphèmes et des phonèmes
  • facilité de prononciation des consonnes isolées
  • complexité de la structure syllabique
  • inséparabilité des graphèmes complexes
  • lettre muette
  • fréquence des mots
  • rôle des morphèmes

2.3. Principes d’apprentissage actif associant lecture et écriture

2.4. Principe de transfert de l’explicite vers l’implicite

  • Transfert de la mémoire explicite (décodage des mots) vers la mémoire implicite (connaissance des mots) joue un rôle essentiel car il libère l’esprit de l’enfant

⇒ lecture fluide permet de se concentrer sur le sens du texte.

2.5. Principe de choix rationnel des exemples et des exercices

2.6. Principe d’engagement actif, d’attention et de plaisir

  • engagement actif de l’enfant = apprentissage + efficace si l’enfant est sollicité. Rappel : si l’enfant reçoit un retour immédiat sur la pertinence de sa réponse, il peut utiliser le signal d’erreur pour se corriger et progresser.
  • L’attention accélère l’apprentissage !

⇒ apprendre, c’est aussi apprendre à faire attention

  • plaisir : apprentissage facilité lorsque l’enfant est récompensé de ses efforts.

3/ L’éducation fondée sur la preuve

  • Rappel : ttes ses règles pédagogiques ne sont que des hypothèses de travail

⇒ seule l’expérimentation peut les valider ou les réfuter

3.1. L’importance de l’expérimentation

  • vérifier empiriquement que le principe éducatif fonctionne en pratique.

⇒ Rappel : seule la comparaison rigoureuse de 2 groupes d’enfants dont l’enseignement ne diffère que sur un seul point permet de certifier que ce facteur a un impact sur l’apprentissage

  • concept depuis 2 ans : éducation fondée sur la preuve (cf protocole)
  • informatique : logiciel de jeu d’action pour activer le réseau cérébral de la lecture (Graphogame)

3.2. Du laboratoire à l’école

  • difficile de passer du laboratoire à la salle de classe (cf expérience 2010-2011)
  • variable clé qui semble déterminer réussite ou échec d’une intervention est la formation des professeurs des écoles. (cf formation intense, collégiale et responsable reçue par les instituteurs finlandais)
  • expérimentation à grande échelle de la Literacy Hour (programme de réforme de l’enseignement de la lecture à l’école primaire en Grande-Bretagne)

Conclusion

  • science de la lecture solide + principes pédagogiques qui en découlent sont connus

⇒ seule mise en application dans la classe demande un effort important.

  • Possibilité de progrès considérables à un coût très faible si mobilisation du corps éducatif.
Liste des figures intéressantes

figure 4 : aires du langage dans le cerveau (p.23)

figure 5 : cerveau d’une personne alphabétisée (p.29)

figure 10 : l’effet miroir (p.45)

figure 11 : reconnaissance des lettres (lecteur débutant et expert) (p.51)

figure 20 : jeu Graphogame (p.107)

 

Article à lire :

  • Entre orthodoxie et pluralisme, les enjeux de l’éducation basée sur la preuve

http://www.cairn.info/revue-francaise-de-pedagogie-2009-3-p-111.htm#anchor_plan

  • Graphogame

http://info.graphogame.com/

  • Heikki Lyytinen

http://www.cairn.info/publications-de-Lyytinen-Heikki–10158.htm

citation(s)

N° de page / localisation

Abandonner la lecture globale et prêter attention aux composants élémentaires des mots, un par un, dans un ordre précis, est une étape essentielle de l’apprentissage.

p.43

L’automatisation de la lecture est donc un objectif essentiel de l’apprentissage. Elle seule permet de libérer les aires génériques du cortex afin de les utiliser pour d’autres activités.

p.49

L’enseignant doit proposer un contexte motivant qui fasse que l’enfant soit actif, trouve du plaisir à apprendre, se sente autorisé à faire des erreurs, mais soit rapidement corrigé et récompensé de ses efforts.

p.96

Mots-clés :

l’attention, lecture, mémoire, codage, automatisation de la lecture, pédagogie, protocole de recherche, cerveau, processus cognitif, recyclage neuronal, éducation fondée sur la preuve (evidence-based education)